16 avr. 2008

Natation




Cher Armand, je vais développer ma réponse à ton commentaire ici ce qui me fera un article. Et, par ce beau temps, j'ai bien envie de parler de ça.

En fait, je vais me vanter. Oui. Je vais vous parler de... ces médailles qui sont en photo dans l'article précédent.

Non, Armand, je ne suis ni mariée à un prétentieux bling bling. Non, Armand, ces médailles ne sont pas des matchs de foot gagnés. Il s'agit de natation. Oui, de natation, là où tu remues les bras, et tout et tout.




Combien d'entres vous savent ce qu'est réellement la natation ? Ah ah ah. J'avais déjà parlé d'une compétition en particulier, il y a assez longtemps. .

Effectivement, j'ai fait de la natation, de haut niveau. Pendant quelques dix années. Alors, je voudrai revenir sur quelques petites choses.




Tout d'abord, la natation, le sport de haut niveau en général, ce n'est pas ce que l'on vous montre. Ca, déjà, faut bien que vous le gardiez dans votre tête. Y'a pas que les pouces inclinés vers le haut de l'entraineur une fois que l'on gagne à une course et les podiums et les flashs et les médailles etc... Ça, ce sont les beaux aspects. Les choses qui donnent un but à ce que l'on fait, un aboutissement.

Oui, un aboutissement, j'entends par là : Le sport de haut niveau, ce n'est pas uniquement se lever à 5h tous les matins pour aller nager, l'unique contrainte que tout le monde retient.

C'est aussi pousser ses propres limites, sortir des bassins en gerbant après un entraînement, des soirées la tête au dessus des chiottes d'avoir donné ses tripes, des courbatures des jours entiers, supporter des insultes inimaginables à longueur de temps, subir des régimes alimentaires insensés, vivre dès 8 ans les altères, les pompes et autres outils de musculation (ou de tortures, c'est pareil), passer des week-end entiers derrière des barrières, des kilomètres pour les parents, des bips qui donnent le départ, faire ses devoirs en coup de vent, passer ses heures libres en étude pour travailler afin aller nager le soir...




Alors pourquoi faire ça, vous demanderez vous. Parce que d'un autre côté, on aime. On aime ne penser qu'à la victoire. Parce que c'est dur. Parce qu'on veut y arriver. Parce qu'on est des putains de battants, et on ne lâchera pas l'affaire avant d'avoir obtenu ce que l'on souhaite. Persévérance. Parce qu'on noue des relations. Parce qu'on veut se prouver qu'on est capable. Parce qu'on ne veut pas être troisième. Mais premier. En haut du podium. Parce que nos parents sont fiers de nous. Et qu'on veut les rendre fiers. Parce qu'on est quelqu'un. Parce qu'on a la rage de vaincre. Parce qu'on veut aller au bout des choses. Enfin parce que dans l'eau, on ne pense à rien. A rien. Ni à l'entraineur qui gueule, ni aux problèmes qui nous font chier. On se défoule, on tape sur le mur en culbutant en pensant que c'était sa tête. On se mange une bonne série de 3 kms, et on se calme.





La natation, c'est aussi des amis. Et des ennemis. La coutume voudrait que l'ennemi soit uniquement dans l'eau, mais non. La compétition va bien au delà de l'eau, du bord du bassin, même. Elle se passe dans les couloirs de l'école, par des regards. Aux entrainements, par des allusions.
Et les amis, là dedans. Les amis sont aux bords des bassins. Parce que vous y passez vos soirées, vos week-end à nager.




Les week end, venons en. C'est le rêve. Quand on a 14 ans, qu'on se trimbale dans une voiture chic, d'hôtel en hôtel, de Bordeaux à Tours en passant par Castres, avec des coupons "participants". On rigole, on atteint une gloire dont on n'a même pas conscience. Le soir, dans les chambres, on compare le nombre de médailles. La couleur. Puis on se fait confisquer nos portables. Couvre feu à 21h, le samedi soir. Parce que le lendemain, on nage. Mais on aime ça. Parce qu'on sait qu'on va se battre. Se faire mal pour gagner. Puis remonter sur un podium, puis se faire applaudir, puis il y aura de la musique, puis on renagera puis on regagnera... et finalement, tout cela n'a plus tellement comme charme à force.

On collectionne les podiums, les sourires, les pleurs, les lieux, les kilomètres, les régimes sans vraiment savoir à quoi cela correspond.




Mais on avait 14, 15 ans, on ne savait pas tellement ce qu'on faisait là, et je peux vous dire qu'on a profité. Qu'on a profité de la vie, certainement pas de la même manière que les autres enfants l'ont fait. Mais je ne regrette rien.

Je ne regrette pas d'avoir pleuré pour n'être QUE deuxième à un championnat national 2. D'avoir fait chier l'entraineur comme on l'a fait (putain ce qu'on était chiantes, mais c'était tellement BIEN de se faire virer de l'entrainement). D'avoir tant voyagé. De m'être tant faite engueulée.




Si je devais regretter une chose tout de même, c'est que ça se termine dans ces conditions. On nous en demandait beaucoup quand même, nous n'étions que des grands enfants...

Pour revenir aux médailles, voilà, Armand, tu connais l'histoire de ces médailles. Ces deux médailles que j'ai prise en photo sont celle des championnats de France, l'un par régions (donc en équipe), l'autre seule. Ce sont les deux médailles qui me tiennent le plus à coeur, voilà pourquoi j'ai décidé de les prendre en photo. Elles me rappellent des bons souvenirs.

Et la petite touche pour me la péter, j'ai plus d'une soixantaine de médailles, et une dizaine de trophées. Sans compter les articles de journaux, avec ma photo (toute seule!) dedans. Ça vous en bouche un coin, hein ?

Allez, je vous mets une vidéo de moi qui nage. Baissez le son, ça crie. J'ai le bonnet fluo au milieu de l'image.








8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne connais rien qui me permette de me vider plus la tête que de nager...

L'expression "comme un poisson dans l'eau" est très vraie...

Anonyme a dit…

Chère CPEchou,
Pendant mon service, "aller au bassin" était obligatoire.
Certains ont voulu m'apprendre, d'autres se sont bien amusés à mes dépens en me faisant boire d'innombrables tasses.
Je ne sais toujours pas nager...
Maintenant, je suis vraiment trop vieux et ma condition physique m'empêche de faire un autre "sport" que la marche...
Félicitations pour ton opiniâtreté et ta pugnacité.
Amitiés.

Anonyme a dit…

Ben en tout cas t'as gagné sur la vidéo.

C'est vrai que c'est l'envers du décor que peu de gens connaissent et encore la c'est du très haut niveau.

Cela dit meme a un niveau standard, ce gout de gagner, du dépassement de soi meme et de tous les sacrifices qui vont avec, c'est palpable.

Alors pour voir le sport en rose faut vraiment ne jamais en avoir fait de sa vie.

En ce moment, j'ai une périostite tibiale assez avancée, tu dois connaitre vu que ca arrive souvent chez les sportifs. Ben je peux dire que je suis assez malheureux de ne plus pouvoir aller courir comme je veux le soir parce que la douleur est insupportable.

Pire encore je suis déjà passé outre jusqu'a ce que j'apprenne que la complication directe était la fracture de fatigue.

Cela dit j'adore nager aussi, en vacances à l'océan je suis tout le temps dans l'eau. Par n'importe quelle température, avec ou sans vent, avec ou sans baïnes.

Parce qu'on s'y sent bien xD

johnmarguerite a dit…

Bonjour

Sans flagornerie aucune, c'est le genre de billet sur le sport qu'on lit trop peu souvent : tout est dit du bouillonemment intérieur qui nous habite, de la sensation que tout est possible ou que du moins tout, très prochainement le deviendra

Anonyme a dit…

Déjà que Laure Manaudou m'impressionne alors toi , tu m'épates . Moi , je nage , la tête hors de l'eau , la brasse , et au bout d'une heure violente pour moi , je suis violette de froid . Histoire de faire fonctionner mes muscles mais à 52 balais , c'est pas maintenant que je m'améliorerai . Je me contente de marcher chaque fois que le temps le permet pour avoir la cuisse plus ferme !

CPEchou a dit…

Réponse de cpechou

Maman célib > Oui, mais faut pas non plus rêver, on ne sort pas tous les jours avec la banane et la tête vide, hein. Mais ça fait du bien quand même. Mais je vois les choses tout autrement aujourd'hui :)

Armand > Rien de plus con que quelqu'un qui s'amuse à "couler" les autres. J'ai toujours detesté ça malgré que je sache nager et mon frère y prend un malin plaisir. Et ça finit toujours mal. Merci pour ces qualités :) Amitiés

Arqevith > Tu sais, je vois ces années vraiment avec le sourire, c'est vraiment là où j'ai fait les conneries les plus drôles de ma vie, que je n'aurai jamais l'occasion de refaire. Vraiment, j'ai aimé ce sport, et comme j'ai écrit : je ne regrette RIEN ! :)

Johnmarguerite > Bonjour, bienvenue. Merci pour ces compliments, j'ai simplement écrit les choses comme elles l'étaient, avec un peu de recul certainement. Mais c'est la vérité, ce qu'il se passe vraiment. Il y a des mauvais moments, des bons, il faut de tout.
Merci pour ce commentaire qui me touche.

Brigitte > Merci de me comparer à Laure Manaudou, Tu sais que j'ai déjà nagé avec elle, et même que j'ai une photo avec Philippe Lucas !
Bon j'ai peut-être pas le même niveau qu'elle en nageant, mais je n'ai pas non plus le même niveau à l'école.
Faut savoir faire des choix juste, des fois. Et se protéger avant tout. Le but de la natation, c'est avant tout d'entretenir la forme. Alors continue, c'est très bien ! Bises

Minipoucine a dit…

@cpechou: Je ne suis pas sportive pour un sou et j'admire ta ténacité et dans ton récit, on ressent très fort les émotions que tu as connu pendant cette période. Donc bravo d'avoir tenu bon juste par passion et bravo pour ce beau récit!:o)
Bises

CPEchou a dit…

Minipoucine > Merci, merci beaucoup. Sur ces sujets, j'écris avec mon coeur, et ça va pas très bien après, mais quelques jours plus tard, ça va mieux. C'est le but d'un blog, en fait. J'ai tenu par passion, et peut-être un peu pour mes parents aussi. Mais je ne regrette pas.