18 avr. 2008

Euh... Encore...

Bon, j'suis désolée mais je vais vous reparler de piscine, de chlore et de souvenirs. Et ceux qui ne veulent pas lire, ben, vous repasserez. Cause d'anonymat oblige, les photos sont toujours masquées, sauf celles qui remontent beaucoup et où l'on ne me reconnait plus tellement.





L'article m'a donné envie d'aller nager. Ça faisait bien longtemps... Alors j'y suis allée avec mon amie d'enfance avec qui j'faisais de la natation. Qui elle aussi a arrêté. Ensemble, on a fait les 400 coups. Déjà, j'suis chiante. Mais imaginez quand j'avais 8 ans.


Ensemble, on insultait les gens qui venaient dans le public, on se faisait virer de l'entrainement, alors... on jouait au morpions sur les carreaux. On se prenait des coups de pied au cul, et c'était pas des fictifs. En plus ça faisait mal hihihi. Ensemble, on se tenait les pieds à l'entrainement. Truc super grave pour l'entraineur. Ensemble on s'enfermait dans les casiers. On regardait par dessus les cabines, les gens qui se changaient.


Jolies lunettes...


Puis ensemble on a grandi. Alors on découvrait nos premiers poils sous les bras. Les premières règles. Piouf, on a vécu tout ça ensemble. C'te conne, à 12 ans elle avait acheté les tampons super larges là vous savez, elle s'était trompée. Et quand l'entraineur est tombé dessus, elle a dit que c'était à moi. T'es trop ceeeuuuunne :).



Podium de la course que vous avez à l'article précédent. 50 brasse en 36'' et quelques centièmes.


Ensemble, on a changé de niveau. C'est devenue non plus une histoire de gamines qui faisaient des conneries, mais fallait s'entrainer sérieusement. Alors ensemble, on s'accrochait. Ensemble, on a vécu les hôtels, on a vécu l'adrénaline. La vraie. La rage. Ensemble, on achetait nos combinaisons. On se prêtait les maillots, parce que si on l'oubliait, Ô malheur. Ensemble, on se moquait de l'entraineur quand l'une de nous deux craquait.
Ensemble, on partait en stage. Puis, ensemble, on a encore grandi. Ouais... Et ça a changé. Tout ça a changé.


Podium à j'sais plus quel niveau.
Je tire une sale tête dessus en tout cas. (3 ème)


J'ai arrêté la natation. Et elle m'en a voulu, à cause de la façon dont j'ai arrêté. Elle a pensé que je l'ai abandonné. C'est vrai, je l'ai laissée seule dans les ascenceurs le matin, seule aux échauffements, seule à supporter les "t'avance pas", "t'es trop grosse", "on croirait ma grand mère sur un vélo sans selle" , seule aux séances de muscul... Mais, des fois, il faut savoir faire des choix.

Ensemble, on a des jolis souvenirs. Mais, on n'en n'a jamais reparlé pendant deux ans. Parce qu'on est fières, parce que l'on ne va pas craquer, ni l'une ni l'autre. On se croisait au lycée, sans se regarder vraiment, mais quand même.

Puis, en novembre dernier, on a parlé. Ben on a pleuré, aussi. Et voilà, aujourd'hui on est des jeunes femmes, qui ont vécu ça. Et j'ai beau essayé de vous le raconter du mieux possible, personne ne peut comprendre ces moments. Il faut avoir vécu pour comprendre.



Sur le plot, avant le départ. Z'avez vu les jolies plaques ?


Et aujourd'hui, on est allée nager ensemble. Elle a aussi arrêté la natation aujourd'hui, et ça fait du bien. Ca fait du bien de faire n'importe quoi. D'aller sous l'eau si on a envie. De parler en faisant des jambes. C'est rigolo, parce qu'on a changé. Physiquement. De visage, de corps. Les petites filles, sans hanches, sans un poil de graisse qui déborderai de la combin', sont aujourd'hui des jeunes femmes avec des hanches et des rondeurs qu'on assume. Et c'est la vie... Et on se raconte nos conneries. Comme deux mamies. Qui se rapellent leur jeunesse. Tu t'rapelles, quand on se balançait les pull boys ? Oui et aussi les batailles de polochon ! Ahhh ouii et puis quand tu étais amoureuse de Bidule ! Rhooo... Et quand t'as loupé ton départ, comment le coatch il gueulaiiiit (et on l'imite trop bien, j'vous assure), et à l'hotel avec sa pression et nous : Une carafe d'eau ! Ahhh ouiii.... Des mamies je vous dis. On s'est même fait reprendre parce qu'on parlait trop fort dans le bain bulles. Allez tous vous faire voir.


Etirements avant une course, en bavachant.


Mais, il s'est passé tellement de choses depuis. J'ai l'impression que ça fait des années de tout ça. Presque comme si c'était dans une autre vie. Mais ça fait du bien d'en re-parler. Et de voir que malgré ce qui s'est passé, les gens ont grandi. Et qu'ils comprennent. Ça fait du bien. Vraiment du bien.

Non je ne suis pas nostalgique de cette époque. Je suis heureuse de me souvenir de tout ça, je suis heureuse que ça ai existé. Je ne vois pas pourquoi je serai nostalgique.


Certain doivent se demander ce qu'il en est de l'entraineur. Le coatch. Le bourreau. L'éducateur. L'amour. Le père. L'ami. Le confident.
C'est un peu pareil, on a mis deux ans avant de reprendre contact. Je lui ai écrit un email, il m'a répondu. Très ému. Ca fait bizarre d'émouvoir un monsieur dur comme lui. Ce n'était pas mon but. Juste lui dire la vérité, deux ans plus tard. Comme quoi, personne n'est infaillible. Non, Philippe Lucas n'est pas unique. Ils sont tous comme ça. Mais ils ne peuvent pas se permettre d'être des chamallows (euuhh... Pourquoi c't'expression ? J'en sais rien). Enfin je veux dire, un sportif, ça à intérêt d'être solide. Physiquement, mais psychologiquement aussi. Et on avait du caractère. Et beaucoup aurait craqué face à des nageurs comme nous, fortes têtes. Je l'admire, ce mec, en fait. Je le hais, mais je l'aime. C'est tellement... Bizarre comme sensation. Mais... Comment il a fait ? Comment il a fait pour gérer tout ça ? Un sacré bonhomme, vulgaire, avec dans une main, ses chronos, dans l'autre son programme, et ses expressions de visage... Toujours des insultes pires les unes que les autres, mais c'était devenu si banal de se faire insulter...
Et il a été con. Méchant. Des fois violent. Gentil. Il a tout été. Il a tout fait pour nous. C'est l'une des seules personnes qui a su qui j'étais vraiment. On lui racontait notre petite vie, de l'école. Les problèmes, à la maison. Et il suivait notre évolution au jour le jour, à la piscine. Nos conneries, notre poids... Tout. Vraiment, un sacré bonhomme.
C'est lui qui nous a transmis ces valeurs, de persévérance, cette compétitivité, l'envie d'aller toujours plus loin.


Avec Philippe Lucas...


Je suis le fruit de différentes personnes qui m'ont construite. Aujourd'hui, je suis quelqu'un. Et je veux le prouver.



Des gens de la piscine, il y a peu, ont dit à mon frère qu'ils aimeraient bien me revoir. Moi, je ne sais pas. J'accepte toutes ces années avec le sourire maintenant. Mais je ne suis jamais retournée dans la piscine. Et jamais revu l'entraineur. Alors je ne sais pas si je suis prête.

Je ne sais pas ce que je veux. Ça va, mais j'ai peur que ce soit difficile à gérer. J'ai peur, en fait. Peur de ma réaction, peur de sa réaction, peur de tout revoir.

Rien ne presse, de toute manière. Juste une envie... Très forte. De confrontation.


Désolée.

C'est dur de parler avec son coeur. <3>

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère CPEchou,
Après mes études, et, à nouveau après que j'ai quitté la multinationale où je travaillais (avant de devenir mon propre maître), des anciens collègues ont essayé de me revoir.
Je ne regarde jamais le passé.
Mais chaque personne est différente et est amenée à assumer ses choix les plus difficiles elle-même: travail, amour, priorités dans la vie.
Amitiés

Anonyme a dit…

Je rigole encore du coup des Tampax ^_^

Ceci dit, cette période de natation fait partie de ta construction en tant qu'adulte... Elle t'a donné le goût de l'effort et t'a inculqué certaines valeurs humaines, sociales et morales... C'est aussi ça le sport ;-)

Et merci pour Zazie !!!

Anonyme a dit…

Laure, tu t'es réconciliée avec Philippe ?

Anonyme a dit…

Non je n'ai pas été prof , infirmière de secteur psychiatrique est ce qu'on nage mieux quand on se fait insulter , j'aurais du mal de l'accepter . Le sport de haut niveau demande beaucoup de sacrifices respect !

Anonyme a dit…

Trop mignon et super émouvant ton récit, ça devait être une belle époque, mis à part peut être le coach mais t'as pas l'air traumatisée en fait!
Je pense que tu dois suivre ton coeur, tu l'a fait pour revoir ton amie, envoyer un mail, en parler ici, un jour le temps sera idéal pour le revoir... ;)!

Minipoucine a dit…

Chaque chose en son temps. Je pense que le jour où tu te sentiras prête à faire face à cette époque de ta vie, tu le sauras.
Toujours émouvant tes récits, on sent que ça été vécu avec tes tripes!
Bises et bon we!

CPEchou a dit…

Réponse de cpechou


Armand > Je ne veux pas me séparer de mon passé. Au contraire, j'apprends chaque jour à l'assumer davantage. Et je trouve que c'est bien mieux comme cela.

Maman célib > Pour l'histoire des valeurs, c'est une chose sûre. Mais heureusement qu'on m'en a appris d'autres ensuite, sinon je ne serai pas capable de raisonner comme je le fais aujourd'hui :)

Tietie007 > Bienvenue sur mon blog ! Ben je ne suis pas Laure Manaudou, et mon Philippe Lucas à moi, je ne lui en veux pas, et oui, on peut dire ça, je suis réconciliée avec. Pour ce qui est de la vraie Laure et du vrai Philippe, je ne sais pas trop où en sont les relations, mais chacun n'a rien à regretter de son côté.

Brigitte > Respect à toi, très beau métier. Ma devise : "On n'a rien sans rien !"

Myreason > Merci pour ces mots gentils... Non je ne suis plus traumatisée par mon coatch, mais j'ai mis très longtemps a assumer tout ça quand même. Faut pas croire que ça c'est fait en un jour ;)

Minipoucine > Merci, oui j'irai quand je me sentirai prête. Et ces articles m'ont fait avancer, je coris. Enfin, on verra....

Merci et bises à tous !