13 mars 2008

Ils ne vont pas bien

Ce soir, jeudi. Jeudi rime avec aide aux devoirs fatiguante. Enfin non ça rime pas mais ça sonne plutôt bien, vous trouvez pas ?

D'abord y'a Jean. Toujours égal à lui même, croit que Marly Gomont c'était déjà une cité grecque. Imite à la perfection le principal adjoint qui le regarde par dessus ses lunettes. Fait du yogga quand je le dispute,pour pas s'ennerver contre moi, parce qu'apparement, il m'aime bien. Drague les filles.

Et tout plein de rage aujourd'hui, Jean me sort et m'annonce sa feuille de suivi. Alors moi, j'suis pas très fière de lui. Parcqu'il m'avait fait une promesse. Celle d'être sage. Pourquoi il serait à peu près sage avec moi, et insoutenable avec ses profs ? Moi j'suis pas d'accord. Alors je l'écoute. Il me dit qu'il subit. Que quoi qu'il fasse, il va se faire disputer. Qu'il n'aime pas l'allemand alors qu'il en fait exprès d'embêter sa prof. Et qu'il n'arrive pas a être tout le temps sage. Qu'il aime pas qu'on lui dise qu'il n'est pas intelligent. Qu'il a au moins 500 de Q.I. .



Pauvre Jean. Moi je le crois. Jean, il est fiché. C'est l'élève perturbateur. Celui qui dérange. Celui qui n'ira pas plus loin que le BEP Bac/pro maximum.
Mais j'aimerais tellement tant faire pour que Jean, il prenne confiance en lui. Qu'il montre qu'il a 500 de Q.I.. Qu'il montre qu'il est capable d'être calme. Qu'il sait bosser.

Une fois qu'il a vidé toute sa haine contre ma pauvre personne qui représente l'autorité (comment qu'ils me craignent, c'est hallucinant), je lui propose de se remettre au travail. Parce que j'l'avais bien vu, Jean il était ennervé. Triste. Pas comme d'hab, quoi.

Mais, cette fois, comme d'hab, Jean, il n'avait pas son livre. Alors moi je l'envoie chercher un livre dans le bureau du principal adjoint. Mais lui, il veut pas y aller tout seul. Peur de l'affronter p'tetre. Alors Jean il va chercher le livre d'allemand avec une camarade désignée par mes soins, et revient tout fier avec son livre. Mais après, le boulot a été dur. En fait il n'a pas fait grand chose. On est pas toujours motivé hein.





Puis y'a le copain de Jean. Nous l'appellerons... J'sais pas... Marc. Jean et Marc, ça fonctionne. Donc voilà, son grand pote. Celui avec qui il faut à tout prix éviter de les mettre ensemble. Marc, c'est un peu le même style. Celui qui fait semblant de travailler. Celui qui à l'impression que je m'acharne contre lui.

Mais pareil, j'm'attache, moi. Alors je tiens à ce qu'ils connaissent leurs leçons. Et Marc, c'est pas le style de mec à apprendre sa leçon. Sauf que moi, j'suis chiante. Et si une leçon doit être sue, elle le sera. Alors je lui ai expliqué la leçon. Et ré-expliqué. Et encore expliqué. Et re-ré-re-expliqué. Puis il a compris. Ensuite il l'a appris. Et je l'ai interrogé. Et Marc, il connaissait ses priorités de maths, à la fin de l'heure. J'suis fière de mon Marc.

Pourtant, mardi, il a fait des bêtises, Marc. Moi j'le sais. Mardi, il n'était pas comme d'habitude. Il dormait sur sa table. Il n'était pas souriant. Il ne se moquait pas, et ça, croyez moi, c'est pas normal !





Enfin, je vais parler de Mathilde. Mathilde, c'est le genre d'élève qui m'fesait peur au début. Celle qui rejette toute aide scolaire. Celle qui croit que je suis là juste pour corriger ses exos. Celle qui me prend pour une conne que je suis. Celle qui me regarde de travers. Celle qui n'accepte pas qu'on doit enlever son manteau en cours. Et son chewing gum aussi. Parce que j'suis pas prof. Mais j'ai pas envie d'avoir affaire à des bœufs, moi.

Alors les chewing gum, c'est poubelle. Les portables, éteints, dans les sacs. Les manteaux, sur les chaises. Les sacs, par terre. Et ça, Mathilde, elle comprenait pas. Elle comprenait pas non plus que je passe voir de temps en temps ce qu'elle fait. En fait je crois qu'elle n'avait pas très bien compris pourquoi elle était là, elle a eu 2 en français, mardi. Mais même si elle refuse toute aide, moi je lui demande comment ça se fait, ce 2. C'est ma réputation en danger, merde quoi.

Elle m'avait dit qu'elle révisait, à l'heure dernière. Mathilde, elle me dit qu'elle ne peut pas travailler chez elle... Allez, courage P'tite adolescente, tu vas pas te démotiver pour une sale note. Montre leur que t'es capable de faire quelque chose. Alors elle me sort des devoirs. Et on essaye de les faire ensemble. De l'espagnol, ça tombe bien. Moi J'parle 2 mots d'anglais, 2 mots d'allemand, 2 mots d'italien, mais l'espagnol. Jamais touché. Mais n'empêche qu'on a bien ri, avec Mathilde, sur son exo d'espagnol. Et même que finalement, elle m'a dit un secret !



« Psssiit ! M'dme !
Euuh... oui ?
Faîtes attention parce que depuis le début, j'le vois le garçon là il attend que vous lui donniez les réponses. »

Arh. J'suis une débutante.



Et ce qui est le plus plaisant la dedans. C'est que. Si moi, j'repars pas avec la banane, parce qu'ils me bouffent toute mon énergie, la grande majorité repartent avec un grand sourire. Leurs devoirs sont fait. Et ils ont compris qu'ils pouvaient compter sur moi.

Maintenant, faut tenir le coup. Parce que la plupart d'entre eux n'ont pas la tête a travailler. Problèmes par ci. Problèmes par là. Et il leur faut quelqu'un de solide. Quelqu'un qui saura les écouter. Quelqu'un à qui ils peuvent faire confiance. Quelqu'un qui saura les encourager. Quelqu'un qui saura croire en eux. Quelqu'un qui saura leur dire, maintenant, tu prends ta vie en main. C'est ton destin.

C'est leur destin. Et je veux qu'ils parviennent à leur rêves. A leurs aspirations. C'est pas parcqu'ils ont eu moins de chance que les autres qu'ils n'ont pas le droit de rêver. et je ferai tout pour qu'ils y réussissent. Et j'espère qu'ils l'ont compris.





Mes zoulous ne vont pas bien. Ils ont besoin de reprendre confiance en eux avant de faire quelque chose d'efficace.

Ils n'allaient pas bien ce soir.


PS : Cherche cours "apprendre à gerer élèves qui pleurent en cours..."




9 commentaires:

  1. Finalement, tu fais plus office de psy que d'autre chose pour ces gosses (et c'est pas plus mal, si ça peut les aider à se recadrer un peu).

    Ton Jean, là, ça m'a l'air d'être un sacré zozo. Je crois que je l'aimerais bien celui-là, moi aussi.

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  2. Les élèves qui pleurent, je n'ai pas réussi à gérer, aujourd'hui. Et il y en a eu, des pleurs, des larmes. Presque des flaques par terre. Enfants épuisés, surmenés (oui, déjà si petits), en train de craquer.
    Et, comme le dit Annie Cordy (qui ?), dans la chanson : "ça ira mieux demain...."

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  3. @ rosa negra > Ahh...Pour Jean, pfff... C'est pas juste, je sais, mais il demande bcp d'attention et j'ai tendance à ceder a tout ses caprices.

    Pour le psy... Je sais pas si c'est le terme... Mais je me suis rendue compte que si ils pensaient à leurs problèmes tout le temps, ils ne pouvaient pas travailler. Alors je
    les considère comme des êtres humains et je suis là pour eux s'ils ont besoin, je n'irai pas répéter sauf danger bien sûr mais au moins ils peuvent me dire ce qu'ils veulent, puisqu'on n'a pas un rapport autorité/respect suprême, ils ne me craignent pas enfin j'espère pas que j'aille repeter quoi que ce soit (désaccord avec profs, admin etc...).
    Une fois qu'ils auront extériorisé tout ces trucs mauvais, p'tetre qu'ils auront moins de mal à travailler. Et dans un minigroupe comme ceux là (13 élèves tout de même ajd, ça augmente chaque semaine...) ça facilite l'attention que je peux apporter à chacun. Je ne les interdit pas non plus de rester après l'heure pour parler, même d'autres choses s'ils le veulent, et j'ai vraiment l'impression qu'ils sont bien à ce moment.
    Encore une fois ce n'est qu'un point de vue et je peux me tromper. Mais j'y crois dur comme fer !

    @ Sylvette > Dans le cas d'enfants surmenés, j'avoue avoir du mal à leur dire, ça ira mieux demain... Je me doute qu'il n'y a pas de "mode d'emploi" mais la première fois que ça arrive, on se sent TERRIBLEMENT mal, parce qu'on ne sait pas quoi faire, parce qu'on se sent impuissant, parce qu'on a rien à dire... Enfin, j'espère que ça s'améliorera avec le temps !

    En tout cas bcp de respect pour vous deux car professeur des écoles... Faut avoir de la patience !

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  4. C'est un point de vue, en effet. Et c'est un point de vue que je partage avec toi.

    Je ne suis pas encore professeur des écoles (et je sens que ça ne va pas être pour cette année). Mais j'ai été en contact avec beaucoup d'enfants, de pré-ados et d'ados "difficiles" (association sportive, travail dans les écoles, beaux-frères et belle-soeur, enfants de parents "dépassés", etc).

    Franchement, là c'est pour toi que j'ai beaucoup de respect. Ce que tu fais est très important et j'espère que ça aboutira à moyen comme à long terme.

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  5. Enchantée d'avoir fait la connaissance de Jean, Marc et Mathilde qui ont l'air de t'apporter, même s'ils sont épuisants malgré eux, une certaine forme de satisfaction.

    Maintenant que j'ai réussi à installer un bloqueur de popup, j'entreprends de découvrir ce blog (avec toutes les pubs qui s'affichaient, je ne pouvais même pas lire une phrase sans être interrompue...) donc j'attends avant de poser les questions qui me traversent l'esprit puisque je vais sans doute trouver des réponses en lisant les archives.

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  6. Tu as du courage, moi je finirai sûrement par craquer.

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  7. @ Rosa negra; @ Léa; @ neuro;

    @ Rosa negra > Pas de "négationnisme" pour le concours, rien n'est vraiment fait avant d'avoir les résultats. Le concours c'est passé ? Ou c'est quand sinon ?
    Pour l'aboutissment de ce que je fais [tente de faire], je pense que je ne saurai pas si j'ai réussi ou pas 3ème donc je ne saurai même pas pour le brevet. Mais ça ne m'empêche pas de faire le maximum pour eux, s'ils pouvainet avoir quelques bonnes notes et le sourire malgré ce qui s'passe chez eux, moi je serai contente !

    @ Léa > Ce sont mes premiers, alors si ils m'apportent de la satisfaction ! hihihi... Vraiment désolée pour les pop up j'espère que ça ira mieux maintenant. Pour les questions, vas-y pose hein... Ca m'fait pas peur de repeter 100 fois la même chose !

    @ neuro > On ne peut pas craquer parcqu'eux ils ne craquent pas. Et si je veux qu'ils y arrivent scolairement, je ne peux pas craquer, ils ont besoin de quelqu'un de solide... Mais j'avoue que heureusement que mes amis sont là le soir, pour m'changer les idées, rire... Donc non, jevais essayer de ne pas craquer ! =)

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  8. Et dire que das l'avenir tu veux basculé de l'utre coté de la barriere: CPE, le dictateur en jupon, l'autorité personnifié! E tje sais de quoi je parle! Non non fait pas ça cpechou, je t'implore ce n'st aps ta vocation, ta vocation est prof (de socio?), BASCULE PAS DU COTE OBSCURE DE LA FORCE, tu verras plus tard tu me remercieras

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  9. @ el sol > oui le CPE c'est l'autorité et la répression, mais c'est aussi celui qui cherche à comprendre pourquoi. Crois pas qu'on prends notre pied à engueuler les élèves. Au contraire, je déteste me fâcher avec eux, mais c'est pourtant nécessaire des fois... Le CPE c'est quelqu'un de juste et pas "le mauvais côté de la force"...

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