Autopsie sociologique

Une constatation particulière m'a poussé à faire ça. Ca ne sent pas toujours très bon dans cet endroit. Des centaines de gens y passent chaque jour. Lévent les bras. Pas toujours très propres. Ouvrent la bouche. Pètent. Rotent. C'est le zoo quoi. Il s'agit du bus. Les transports en commun. C'est terrible.

Mais... quel endroit pour prendre part à une observation participante. [Observation participante = technique d'observation sociologique qui consiste à prendre part à son analyse (totale immersion dans l'objet d'étude quoi...).]

Quelle que soit l'heure, y'a toujours les mêmes personnes. (Si si j'vous jure, c'est là une observaton de longue durée).

Tout d'abord, on observe que :

Il y a les mamies. Celle qui bavachent. D'ailleurs je crois que c'est pour ça qu'elles prennent le bus. Toujours RDV même bus. Même heure. Même mamies. Et à chaque bus, une réunion de nouvelles mamies. Pas très dérangeantes. Elles s'assoient et se racontent les dernières nouvelles. Les recettes cuisine. Les dernières de leur petits enfants. La nouvelle tendance sac plastique sur la tête.

Les pots de peinture. Uniquement des filles. Concentre des jeunes, des moins jeunes. Mais elles ont toutes une particularité : pour elles, c'est le carnaval tous les jours. Vas-y que j'te met du rouge, du bleu, du vert, du violet, du rose, du fond de teint, du mascara à ne plus voir les yeux, et l'outil indispensable : le parfum. Et tout ça le même jour. Sur un même individu. On les repère facilement, malgrè qu'elles ne parlent pas tellement. Mais leur présence physique suffit. Largement.

Les étudiants. Eux aussi facilement reconaissable. Souvent dans le bus du matin. Le nez dans un bouquin, avant le partiel, qu'ils n'ont pas eu le temps de réviser à force de sorties. Une saccoche à la main. Souvent en retrait, cherchent le calme.

Les d'jeunz. Ils sont là, TOUT le temps. Ce sont ceux qui sont au fond du bus. Musique à fond. Avec un peu de chance, ils chantent. Les paroles c'est pas compliqué. Des vulgarités, des insultes, ou la revendication dess jeunes des cités. Certains dansent. Style vestimentaire très particulier. Jogging très large. Chaines qui descendent... qui descendent et qui descendent... et qui font gling gling à chaque fois qu'ils font un pas.

Puis les autres. Ceux qui dorment encore, les dormeurs.
Ceux qui regardent par la fenetre, les suicidaires.
Ceux qui regardent partout, les curieux.
Ceux qui prennent le chauffeur pour un psychologue, les lourds.
Ceux qui arrivent à bout de souffle pour avoir eu peur de raté leur bus, les retardataires.
Les SDF qui changent de lieu, les voyageurs.

Et les cons.

Oui les cons ça existe. Je pense particulièrement à une personne en fait. L'autre jour matin. Une femme handicapée monte. Une autre monte avec (catégorie des -qui regardent partout- je dirai presque qui INSPECTENT tout). Une place assise. La femme handicapée s'asseoit . Normal, enfin je crois. Ben elle s'est fait fusillée du regard. Et pis une remarque. J'ai pas entendu. M'enfin. Tout ça pour dire, y'a des cons.

A part ce type d'échange, peu d'interactions entre les individus. Les pots de peinture qui de temps en temps draguent les djeunz.

Moi, là dedans, je suis parfois retardataire, parfois suicidaire, parfois dormeuse. Souvent dormeuse en fait. Etudiante aussi. Mais, j'suis curieuse. J'fais mon 'tit travail de sociologue. Et j'aime regarder tout ces gens, tous ces échanges. Enfin tout ces trucs interessant quoi.